Maladie d'Alzheimer : un jardin pour aider les patients à se souvenir C'est notre petit fief." Antoinette Pierre se rend tous les jours au jardin de l'Horloge "Art mémoire et vie", installé au coeur de Nancy (Meurthe-et-Moselle). "C'est moins triste que d'être cloîtré dans sa chambre. Ici j'ai l'impression d'être en vacances", raconte cette patiente du service soins de suite et réadaptation à orientation gériatrique du centre Paul-Spillmann (CHU de Nancy). Elle regarde les fleurs et se souvient du passé, de son passé à elle, lorsqu'elle faisait son jardin, et ce souvenir lui est agréable. Ouvert en 2007, cet espace vise à aider les patients, dont de nombreux sont atteints de la maladie d'Alzheimer ou de syndromes apparentés. Le service accueille 44 lits et affiche une longue liste d'attente. Au-delà de l'approche médicamenteuse, qui ne fonctionne pas dans tous les cas, plusieurs médecins mettent en avant d'autres approches autour de la stimulation cognitive pour soigner la maladie d'Alzheimer. "Ce jardin a été conçu pour avoir des repères, car les patients, qui ont du mal à percevoir la durée, ont des difficultés à s'orienter. Ce sont des chemins circulaires, sans culs-de-sac. Le jardin évolue avec le calendrier, au gré des saisons", explique le docteur Thérèse Jonveaux, responsable de ce projet, et chef de service au centre Paul-Spillmann. Fermé, donc sûr, cet espace est conçu en quatre zones distinctes dédiées à l'eau, à l'air, au feu et à la terre, chaque carré ayant une couleur dominante. Attirés par les fleurs rouges symbolisant le feu, le ruissellement doux des fontaines, les arbres fruitiers ou les bancs, les patients déambulent dans les allées ou s'installent pour discuter. Le jardin, qui devrait être totalement terminé au printemps 2010, "présente trois originalités, considère le docteur Jonveaux. Sa taille, près de 4 000 m2, une conception basée sur la neuropsychologie, et une dimension artistique, un médecin sculpteur, le docteur Reinhard Fescharek, ayant été associé aux travaux". Afin de réveiller les souvenirs enfouis, des éléments liés à la région de Lorraine ont été introduits : la pierre de Lérouville, des vitraux, les mirabelles... Cueillette de fruits. Ce jardin, c'est une bouffée d'oxygène pour les malades, pour les soignants - qui peuvent y réaliser les entretiens avec leurs patients ainsi que la rééducation - et pour les familles. Des ateliers transgénérationnels y sont organisés. Le dernier a eu pour thème la mirabelle, avec cueillette de fruits et fabrication de tartes. "Ce lieu peut juguler les troubles du comportement. Un patient, qui avait pour habitude de grignoter dans toutes les assiettes, a cueilli les mirabelles dans un panier et les a apportées à la cuisine, sans en toucher une", racontent des soignants. Loin du cadre aseptisé de l'hôpital, les enfants et petits-enfants viennent plus facilement rendre visite à leurs proches. Des rencontres très importantes, tant cette maladie met souvent à mal les liens familiaux. "Une grand-mère a vu son petit-fils, un nourrisson de quinze jours, dimanche dernier. En été, des familles pique-niquent", raconte Laetitia Demarche, psychologue au centre Spillmann. Avec le soutien de l'association Jardins et santé, le docteur Jonveaux milite pour que ce type de lieu se multiplie et pour que le jardin de Nancy s'ouvre aux autres patients de la région atteints de la maladie d'Alzheimer. source le monde